Index
Suivante
Précédente
AUTOUR DE LIMOGES

LA NOUVELLE GARE DE LIMOGES BÉNÉDICTINS LE P.O. ILLUSTRÉ N°3 MAI 1929

LIMOGES-BÉNÉDICTINS • BÂTIMENT VOYAGEURS
LIMOGES-BÉNÉDICTINS • BÂTIMENT VOYAGEURS
28/08/2021 • 19:11 • LIMOGES-BÉNÉDICTINS (87) • 45° 50' 27" N , 01° 16' 22" E

N°3 MAI 1929

​LA NOUVELLE GARE DE LIMOGES BÉNÉDICTINS

Il y a 73 ans le rail accédait pour le première fois à Limoges et la gare des Bénédictins était ouverte. La Salle des Pas-Perdus — aujourd’hui pavillon vétusté — passait alors pour un modèle d’architecture élégante, et le hall couvert d’une largeur de 21 mètres — bien modeste à nos yeux modernes — avait émerveillé nos ancêtres par la hardiesse et la légèreté de sa structure.

Après trois quarts de siècle, Limoges inaugure sa nouvelle gare. L’ancienne était devenue absolument insuffisante.

C’est qu’il s’agit là, non seulement d’une grande ville, mais d’un des -grand nœuds les plus importants du réseau d’Orléans. Situé sur la grande artère de Paris à Toulouse, Limoges est également traversée par la ligne Périgueux et Agen et par la transversale de Bordeaux à Milan et Strasbourg, via Montluçon. Limoges est, en outre, tête de ligne pour les directions de Clermont-Ferrand par Ussel, de Poitiers par Le Dorat, de La Rochelle par Angoulême, de Brive et Useel par Saint-Yrieix.

Plusieurs agrandissements successifs avaient été réalisés, notamment en 1893, lors de l’ouverture de la ligne de Limoges à Brive par Uzerche et lors du report à la gare de Limoges-Bénédictins des terminus des lignes d’Ussel, du Dorat et d’Angoulême qui, précédemment, aboutissaient à la gare de Limoges-Montjovis.

Mais ces agrandissements avaient été restreints ; la configuration du terrain s’opposait à tout élargissement de la plateforme de la gare. L’augmentation du trafic imposait une solution nouvelle. On l’a trouvée en surélevant la gare, ce qui rend utilisable pour la pose de nouvelles voies les emplacements occupés par les anciens bâtiments à voyageurs. De la sorte le nombre de voies de voyageurs a été porté de 5 à 9 ; huit de ces voies sont accolées deux à deux et aiguillées à leurs deux extrémités.

La nouvelle gare comporte un bâtiment en façade sur la place Maison-Dieu et un grand hall, où sont reportés les services départ et arrivée, situé sur une plateforme en ciment armé établie au-dessus des voies.

Cette plateforme supporte également, du côté Toulouse, la cour de départ et d’arrivée d’une largeur de 40 m. 60, compris trottoirs. On y monte, du côté de la ville, par une rampe de 30 mètres de largeur prolongeant l’avenue actuelle des Bénédictins, et par une avenue nouvelle de 16 mètres, normale à la précédente et aboutissant au Champ de Juillet ; du côté du service des marchandises, la cour se prolonge par un pont supérieur de 75 mètres de longueur et de 15 mètres de largeur, établi au-dessus des voies des halles et de la cours des Messageries et relié au chemin latéral de l’avenue des Coutures, par une rampe en béton armé parallèle aux voies.

Des travaux de voirie considérables ont, d’autre part, complètement modifié et embelli les abords de la gare. La vaste esplanade du Champ de Juillet se terminait par un mur de soutènement de 6 à 7 mètres de hauteur à faible distance de l’ancien bâtiment des voyageurs, elle vient d’être transformée en jardins étagés dont les terrasses s’harmoniseront avec le bel aspect architectural de la gare.

Le bâtiment en façade sur la place Maison-Dieu a une longueur de 48 mètres environ et 10 mètres de largeur ; il comporte un rez-de-chaussée, un entresol et deux étages, le comble comporte également deux étages. Sa hauteur est de 23 m. 05.

Ce bâtiment s’appuie, côté Toulouse, à un campanile à base carrée de 10 m. 20 de côté, 57 m. 10 de hauteur mesurée du rail au faîte de la couverture. Cette tour est surmontée d’un vase en cuivre repoussé de 5 mètres, que traverse une tige de paratonnerre de 6 mètres. Sa hauteur est sensiblement égale à celle du clocher de l’église Saint-Michel, qui est le monument le plus élevé de Limoges. Une horloge à quatre cadrans, de 4 mètres de diamètre et à aiguilles lumineuses, est établie à 45 mètres de hauteur. Placé diagonalement sur l’axe du Champ de Juillet, de l’avenue de Juillet et du boulevard Montmailler, qui se succèdent en ligne droite, le campanile est vu dans cette direction à une distance d’un kilomètre. Sa flèche s’aperçoit de plusieurs kilomètres au sud et à l’est.

La plateforme est supportée par des piliers en béton armé de 1 mètre à 1 m. 30 de diamètre, placés dans l’axe des trottoirs, et fondés sur le rocher, en raison des charges considérables qu’ils étaient appelés à supporter.

L’ossature du hall, à l’exception des charpentes, est entièrement en béton armé ; les superstructures sont supportées par quatre groupes de piliers, dont deux sont engagés dans le mur de façade côté de la cour, et par les murs du périmètre du monument.

Ces quatre groupes de piliers, qui forment un carré de 27 m. 40 de côté, sont réunis par des arcs doubleaux et supportent la coupole hémisphérique de 31 mètres de hauteur. Les charpentes sont entièrement métalliques.

En arrière de la coupole, le doubleau est prolongé par une charpente de même forme jusqu’à la grande baie elliptique, percée dans la façade côté Paris. Les deux corps latéraux sont sensiblement symétriques ; ils sont, comme le précédent, couverts en verre sur une grande partie de leur surface. Des plafonds lumineux, coopérant à la décoration du hall, règnent sous toutes les parties vitrées.

La coupole est couverte en cuivre ; des lignes méridiennes, ornées de motifs en cuivre repoussé partant de la base du lanterneau, en forment la décoration.

Les plafonds des bas-côtés et de la coupole, ainsi que les retombées, jusqu’aux naissances des arcs doubleaux, sont revêtus de staff ; la partie inférieure du hall est en stuc.

Les édicules sous hall (bureaux des bagages, de distribution des billets, salle d’attente, etc.) sont en bilinga ou acajou du Gabon, provenant des exploitations d’où le Consortium forestier des Grands Réseaux tire des bois coloniaux pour les traverses de chemins de fer. Le buffet a reçu une riche décoration artistique : fresques, vases et céramiques de Limoges.

Le service des bagages est assuré par quatre bascules automatiques et dix ascenseurs pouvant monter une charge utile de 1.000 kilos. Cinq escaliers de 2 mètres de larfeur mettent en communication la salle des pas-perdus avec les trottoirs.

Les communications entre trottoirs sont complétées par un double passage souterrain comportant deux galeries accolées de 4 mètres de largeur chacune, l’une pour les voyageurs et l’autre pour les bagages. Cette dernière est prolongée jusqu’à la halle des messageries. Six ascenseurs, dont un sur chacun des cinq trottoirs et le sixième sur le quai des messageries, desservent le passage souterrain affecté aux bagages.

Les vastes proportions du bâtiment, l’ampleur de sa coupole, la grâce élancée de son campanile, le cadre heureusement aménagé où il dressera son artistique façade, le soin apporté à la décoration de l’ensemble et du détail, l’organisation très étudiée des services, tout cela contribuera à faire de Limoges-Bénédictins une gare à la fois originale et très moderne.

 
VERRIÈRE DE FRANCIS CHIGOT
VERRIÈRE DE FRANCIS CHIGOT
ARCHITECTE ROGER GONTHIER