ALÈS, CENTRE D'AUTORAILS
Par M. Louis Armand
Ingénieur attaché au Service Central du Matériel et de la Traction
Article paru dans
LE BULLETIN PLM N° 49 — JANVIER 1937
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Construits au début de 1933 par la Société des Entreprises Industrielles Charentaises, les autorails du Centre d’Alès ont été mis en service en décembre de la même année sur les lignes d’Alès à Saint-Jean-du-Gard et d’Alès à Montpellier par Quissac et Sommières. Vivement appréciés par le public, ils ont été, par la suite, appelés à circuler en 1934 sur la ligne d’Alès à la Levade, enfin depuis juillet 1936 sur les lignes d’Alès à Nîmes et de Montpellier à Tarascon via Nîmes.
Ces autorails font parcourir aux voyageurs, des régions touristiques des plus intéressantes : c’est la vallée du Gardon baignant ses eaux limpides les montagnes de Cévennes tantôt luxuriantes, tantôt sauvages mais toujours pittoresques ; c’est également la traversée des riches vignobles gardois et héraultais pour atteindre des villes comme Nîmes ou Tarascon offrant aux visiteurs toute la séduction de leurs monuments anciens.
Mû par un moteur d’une puissance de 80 ch de la Compagnie Lilloise, l’autorail « Charentaises » peut atteindre la vitesse de 90 km/h ; ses 70 places confortables, sa carrosserie aux formes harmonieuses, la souplesse de sa suspension et la qualité de son roulement en font un engin de transport particulièrement apprécié.
Le service fut longtemps assuré par quatre autorails effectuant en trois journées de roulement un parcours quotidien de total de 1 095 km, ce qui représente un rendement unitaire journalier de 274 km, c’est-à-dire presque un record pour des autorails de cette catégorie.
Depuis le mois de mai 1936, deux autres autorails « Charentaises » sont venus renforcer l’effectif d’Alès. On a pu ainsi augmenter le parcours journalier total (1 400 km) et disposer d’une voiture pour les jours d’affluence. Les arrêts au nombre de 323, que comporte ce parcours de 1 400 km, et les lignes aux courbes accentuées sur lesquelles circulent nos autorails, provoquent une usure rapide du matériel nécessitant un entretien rationnel et soutenu de tous les instants.
Tous les soins ont donc été apportés à l’organisation méthodique d’un service d’entretien courant, travaillant avec précision et rapidité grâce à un outillage approprié et à une main-d’œuvre experte.
Cet entretien courant comprend : des visites et graissages journaliers, des visites périodiques par parcours de 2 000, 4 000 ou 8 000 km, selon les organes ; une visite partielle de tous les organes après un parcours de 40 000 km.
Ces parcours correspondent respectivement à une durée d’une semaine, de deux semaines, d’un mois et de cinq mois.
L’atelier du Centre d’Alès (fig. 4) est adossé au mur de la rotonde (fig. 5) ; une porte fait communiquer ces deux bâtiments.
Outre les engins de levage (vérins, crics, tréteaux), un portique avec palan et chariot, desservant la fosse de réparation et l’intérieur de l’atelier, facilite la manutention des pièces lourdes (moteur, essieux, etc...) (fig. 6 et 7). Un appareil de recharge de batterie d’accumulateurs, des radiateurs mobiles pour réchauffage préalable de l’intérieur des voitures, en période de froid, un appareil séparateur centrifuge pour l’épuration du gas-oil, complètent le gros outillage.
À proximité de l’atelier et de la voie d’entrée et de sortie des autorails (fig. 8) est installé un réservoir à gas-oil de 12 000 litres (fig. 5) qui alimente, par gravité, le poste de ravitaillement de nos voitures.
Pour l’hiver le chauffage, par la vapeur, de deux fosses de remisage a été mis en essai. Ce mode de chauffage a donné de bons résultats et va être étendu aux autres fosses ; cette installation a le triple avantage de rendre supportable au personnel son stationnement dans les fosses lors des menues réparations, de faciliter la mise en marche des moteurs, et de protéger les organes des voitures contre les atteintes du gel.
Voici pour terminer, quelques résultats intéressants obtenus au Centre d’Alès :
Il s’agit là de records intéressants qui font honneur au personnel du dépôt d’Alès.
Fig. 4 |
Fig. 5 |
Fig. 6 |
Fig. 7 |
Fig. 8 |
CENTRES | EFFECTIF AU 1er AOÛT 1937 | Parcours kilomètrique pour le mois de juillet 1937 |
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Nombre | Autorails | |||
Lyon-Vaise | 9 | Renault simples type VH | 277 187 km | |
19 | Renault simples type ABJ | |||
5 | Renault doubles ABV | |||
Total | 33 | |||
Besançon (y compris l'annexe de Pontarlier) |
8 | De Dietrich de 300 ch | 128 770 km | |
6 | Michelin type 56 places | |||
6 | Baudet-Donon-Roussel | |||
2 | S.O.M.U.A. à 2 essieux | |||
Total | 22 | |||
Nice | 6 | Bugatti simples de 400 ch caisse de 19,30 m | 105 364 km | |
9 | Bugatti simples de 400 ch caisse de 21,40 m | |||
Total | 15 | |||
Vénissieux | 6 | Bugatti simples de 400 ch caisse de 21,40 m | 85 494 km | |
7 | Bugatti simples de 400 ch caisse de 25,40 m | |||
Total | 13 | |||
Chalon | 2 | Aciéries du Nord de 170 ch | 75 478 km | |
14 | Aciéries du Nord de 280 ch | |||
Total | 16 | |||
Grenoble | 7 | Decauville de 600 ch | 62 218 km | |
2 | Berliet de 250 ch | |||
4 | Berliet messageries | |||
Total | 13 | |||
Avignon (y compris l'annexe de Toulon) |
11 | S.O.M.U.A. articulés de 280 ch | 59 109 km | |
2 (*) | Renault simples type VH | |||
Total | 13 | |||
Paris | 3 | Bugatti doubles de 800 ch | 50 986 km | |
Total | 3 (*) | Bugatti simples de 400 ch à caisse de 21,40 m | ||
Laroche | 2 | Compagnie Française de 140 ch | 38 091 km | |
4 | Renault simples type VH | |||
Total | 6 | |||
Alès | 6 | Entreprises Industrielles Charentaises | 35 914 km | |
Dijon (École de la Traction) |
2 | Delaunay-Belleville | Ces autorails utilisés par les conducteurs en stage à l'École de la Traction à Dijon |
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2 | Renault à essence | |||
Total | 4 | |||
(*) Affectation provisoire. | ||||
in LE BULLETIN PLM N° 54 — NOVEMBRE 1937 • “ Nos Centres d'autorails ” par M. A. Renault Inspecteur du Matériel. |