L'ARRIVÉE DES SOLDATS AMÉRICAINS

“ Vers Coulommiers, vers Meaux, ils passaient en files interminables, étroitement entassés sur des camions, les pieds en l'air, dans des poses extraordinaires, quelques-uns juchés sur les bâches, presque tous tête nue et dépoitraillés, chantant à tue-tête des airs de leur pays au milieu de l'enthousiasme des populations. Le spectacle de cette magnifique jeunesse d'outre-mer, de ces enfants de vingt ans tout rasés, éclatant de force et de santé sous le harnachement neuf, produisit un effet prodigieux. Ils faisaient, avec nos régiments, aux vêtements défraîchis, usés par tant d'années de guerre, dont les hommes amaigris, aux yeux creux illuminés d'un feu sombre, n'étaient plus que des paquets de nerfs tendus par une volonté d'héroisme et de sacrifice, un contraste saisissant. Tous avaient l'impression qu'on allait assister à l'opération magique de la tranfusion de sang. ”