Délégation Alliée |
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Maréchal Ferdinand Foch | Secrétaire d’État Mathias Erzberger | ||||
Amiral Rosslyn Wemyss | Général-Major Detlof von Winterfeldt | ||||
Général Maxime Weygand | Ministre plénipotentiaire comte Alfred von Oberndorff | ||||
Contre-amiral George Hope | Capitaine de Vaisseau Ernst Vanselow | ||||
Capitaine de Vaisseau Marriot | Capitaine d'État-Major Geyer | ||||
Commandant Bagot (interprète) | Capitaine de Cavalerie Von Helldorff (interprète) | ||||
Officier interprète Laperche |
11 NOVEMBRE 1918
Extrait d'un article d'Albéric Cahuet
paru dans L'ILLUSTRATION du 12 novembre 1938 (1)
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“ L'armistice, dont la signature provoqua dans les pays de l'Entente une immense explosion de joie et dans le monde un soulagement universel, a gravé dans l'histoire un nom de lieu sans renommée jusqu'alors : Rethondes, la forêt de Rethondes. Comme l'on dit : la paix de Versailles, on peut dire : l'armistice de Rethondes. Une paix peut, dans ses clauses, être plus tard discutée, revisée. Un armistice, qui termine les hécatombes, laisse un souvenir plus sensiblement humain. De l'endroit d'où partit l'ordre de cesser le feu, on a fait, avec un monument, des inscriptions et des reliques, un but de pélerinage. On y trouve un recueillement spirituel dans le grave et pur enveloppement des bois...
La chronologie de 1918 rappelle que, dès le 6 octobre, le chancelier allemand avait télégraphié au président Wilson pour lui demander la conclusion d'un armistice. Après des semaines de négociations, le maréchal Foch, commandant en chef des armées alliées, fut autorisé à faire savoir que les plénipotentiaires allemands seraient reçus par lui. Le 7 novembre, à 6 h. 30, un officier d'état-major fit la communication suivante au chef de bataillon Ducornez, commandant l'avant-garde de la 170e division : Les parlementaires allemands venant demander l'armistice se présenteront par la route de La Capelle à partir de 8 heures. Prendre immédiatement toutes dispositions pour faciliter leur entrée dans les lignes françaises. Déjà, le commandant de Bourbon-Busset, désigné pour conduire les parlementaires au maréchal Foch, avait quitté le G. Q. G. de l'armée. Mais, en raison du mauvais état des routes, ce fut à 20 heures seulement que la délégation allemande se présentat aux avant-postes. Dans un brouillard intense, les sentinelles perçoivent la sonnerie Cessez le feu ! Un convoi de voitures se dessine sur la route, phares allumés. La première voiture arbore le drapeau blanc et un trompette se tient sur le marchepied. Un jeune capitaine de vingt-cinq ans, Lhuillier, arrête d'un geste le convoi. Il reconnaît les parlementaires et monte dans la première des automobiles. sur le marchepied, le trompette allemand a été remplacé par le caporal clairon Sellier et l'on se remet en marche vers La Capelle, Sellier sonnant le Garde à vous !
À La Capelle, le commandant de Bourbon-Busset et le commandant Ducornez reçoivent les délégués, qui sont : le ministre Erzberger, président de la mission, le général de Winterfeld, attaché militaire jusqu'en 1914 à l'ambassade d'Allemagne à Paris, le comte Oberndorff, le capitaine de vaisseau Vanselov, plusieurs officiers d'état-major et deux civils, experts financiers. Après une halte dans une villa, où par un curieux hasard figure un grand portrait de Napoléon III, la délégation allemande abandonne ses voitures et monte dans les voitures françaises. Au presbytère d'Homblières, un souper frugal a été préparé. A 3 heures du matin on arrive à Tergnier, où un train spécial attend..."
Le collaborateur immédiat de Foch, le général Weygand, qui fut l'un des témoins essentiels de cet événement d'histoire, a, dans un livre capital : le 11 Novembre, fixé ses souvenirs avec une écriture vivante que pourrait lui envier un maître du reportage. Ainsi nous montre-t-il, le 8 novembre à 7 heures, dans une aube grisâtre, une petite lumière rouge glissant à travers les arbres de la forêt de Rethondes : c'est le train des parlementaires allemands. Arrêté en plein bois, on l'aiguille sur une voie légèrement incurvée sans quai ni abri. A 200 mètres environ on distingue, à la même hauteur, la ligne noire d'un autre train arrêté. C'est celui du maréchal Foch, arrivé là depuis la veille. L'amiral Wemyss, premier lord à la Mer et plénipotentiaire anglais, y a pris place.
La voiture où Foch dispose d'un salon voisine avec une voiture-bureau dont le milieu est occupé par une large table. C'est là qu'à 9 heures précises le commandant en chef des armées alliées, avec l'amiral Wemyss et les deux chefs d'état-major, l'amiral Hope et le général Weygand, reçoit les plénipotentiaires allemands. Les pouvoirs, tout d'abord vérifiés, sont en règle ; ils portent la signature du chancelier-prince Max de Bade. Et l'entetien s'engage.
La scène d'histoire a été maintes fois racontée. M. Erzberger ayant dit que la délégation dont il était le chef se trouvait là pour recevoir les « propositions des puissances alliées », le maréchal répliqua qu'il ne pouvait répondre qu'à la demande d'un armistice, demande qui fut faite en termes nets. Le général Weygand alors fait connaître les clauses principales que les Alliés imposaient. Instant pathétique. Le général de Winterfeld sollicita une suspension immédiate et provisoire des hostilités pendant laquelles les conditions pourraient être examinées par le gouvernement et le haut commandemant allemand. « Les hostilités, répondit Foch, ne peuvent cesser avant la signature de l'armistice. » Il fut précisé que la réponse allemande devrait arriver avant lundi 11 novembre. Dans l'attente de cette réponse, pendant les journées des 8, 9 et 10, plusieurs conférences eurent lieu entre les délégués et les chefs d'état-major. On y précisa des points de détail sans que des concessions essentielles fussent accordées. Le 10, un peu avant 19 heures, arrivait l'acceptation sans réserve du gouvernement allemand. En même temps parvenaient des nouvelles très graves : l'abdication arrachée à l'empereur, la renonciation du Kronprinz, la République proclamée à Munich. Le 11 novembre, à 5 h. 10 du matin, les deux plénipotentiaires de l'Entente et les quatre plénipotentiaires allemands apposaient leurs signatures sur le document qui consacrait la victoire des Alliés. Le feu cesserait à 11 heures du matin, de la mer du Nord à la Suisse. ”
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Mercredi 13 novembre 1918 (2)
Les conditions de l'armistice
CONVENTION
“ Entre le Maréchal Foch, commandant en chef les armées alliées, stipulant au nom des puissances alliées et associées assisté de l’amiral Wemyss, first sea lord, d'une part :
et
M. le secrétaire d’État Erzberger, président de la délégation allemande ;
M. l'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire comte von Oberndorff;
M. le général d'état-major von Wînterfeldt ;
M. le capitaine de vaisseau Vanselow ;
munis de pouvoirs réguliers et agissant avec l'agrément du chancelier allemand, d'autre part.
Il a été conclu un armistice aux conditions suivantes :
A. — Sur le front d'Occident
I. — Cessation des hostilités, sur terre et dans les airs, six heures après la signature de l'armistice.
II. Évacuation immédiate des pays envahis : Belgique, France, Luxembourg, ainsi que l’Alsace-Lorraine — réglée de manière à être réalisée dans un délai de quinze jours à dater de la signature de l'armistice.
Les troupes allemandes qui n'auraient pas évacué les territoires prévus dans les délais fixés seront faites prisonnières de guerre.
L'occupation par l’ensemble des troupes alliées et des États-Unis suivra, dans ces pays, la marche de l'évacuation.
Tous les mouvements d'évacuation ou d'occupation sont réglés par la note annexe n° 1, arrêtée au moment de la signature de l’armistice.
III. — Rapatriement, commençant immédiatement et devant être terminé dans un délai de quinze jours, de tous les habitants des pays énumérés ci-dessus (y compris les otages et les prévenus ou condamnés).
IV. — Abandon par les armées allemandes du matériel de guerre suivant, en bon état :
5,000 canons (dont 2,500 lourds et 2,500 de campagne), 25,000 mitrailleuses, 3,000 minenwerfers, 1,700 avions de chasse et de bombardement, en premier lieu tous les D 7 et tous les avions de bombardement de nuit, à livrer sur place aux troupes alliées et des États-Unis — dans les conditions de détail fixées par la note annexe n° 1, arrêtée au moment de la signature de l'armistice.
V. — Évacuation des pays de la rive gauche du Rhin par les troupes allemandes. Les pays de la rive gauche du Rhin seront administrés par les autorités locales, sous le contrôle des troupes d'occupation des alliés et des États-Unis.
Les troupes des alliés et des États-Unis assureront l'occupation de ces pays par des garnisons tenant les principaux points de passage du Rhin (Mayence, Coblentz, Cologne) avec, en ces points, des têtes de pont de 30 kilomètres de rayon sur la rive droite et des garnisons tenant également des points stratégiques de la région.
Une zone neutre sera réservée sur la rive droite du Rhin, entre le fleuve et une ligne tracée parallèlement aux têtes de pont, et au fleuve, et à 10 kilomètres de distance depuis la frontière de Hollande jusqu'à la frontière de la Suisse.
L'évacuation par l'ennemi des pays du Rhin (rive gauche et rive droite), sera réglée de façon à être réalisée dans un délai de seize nouveaux jours — soit trente et un jours après la signature de l'armistice.
Tous les mouvements d'évacuation ou d'occupation sont réglés par la note annexe n° 1, arrêtée au moment de la signature de l'armistice.
VI. — Dans tous les territoires évacués par l'ennemi, toute évacuation des habitants sera interdite il ne sera apporté aucun dommage ou préjudice à la personne ou la propriété des habitants. Personne ne sera poursuivi pour délits de participation à des mesures de guerre antérieures à la signature de l'armistice.
Il ne sera fait aucune destruction d'aucune sorte. Les installations militaires de toute nature seront livrées intactes — de même les approvisionnements militaires, vivres, munitions, équipements, qui n'auront pas été emportés dans les délais d'évacuation fixés.
Les dépôts de vivres pour la population civile, bétail, etc., devront être laissés sur place.
Il ne sera pris aucune mesure d'ordre général ou d'ordre officiel ayant pour conséquence une dépréciation des établissements industriels ou une réduction dans leur personnel.
VII. — Les voies et moyens de communication de toute nature, voies ferrées, voies navigables, routes, ponts, télégraphe, téléphone, ne devront être l'objet d'aucune détérioration.
Tout le personnel civil et militaire actuellement utilisé y sera maintenu.
Il sera livré aux puissances associées :
5,000 machines montées et 150,000 wagons en bon état de roulement et pourvus de tous rechanges et agrès nécessaires, dans les délais dont le détail est fixé à l'annexe n° 2 et dont le total ne devra pas dépasser trente et un jours.
Il sera également livré 5,000 camions automobiles en bon état, dans un délai de trente-six jours.
Les chemins de fer d'Alsace-Lorraine, dans un délai de trente et un jours, seront livrés dotés de tout le personnel et matériel affectés organiquement à ce réseau.
En outre, le matériel nécessaire à l'exploitation dans les pays de la rive gauche du Rhin, sera laissé sur place.
Tous les approvisionnements en charbon et matières d'entretien, en matériel de voies, de signalisation et d'atelier, seront laissés sur place. Les approvisionnements seront entretenus par l'Allemagne, en ce qui concerne l'exploitation des voies de communication des pays de la rive gauche du Rhin.
Tous les chalands enlevés aux alliés leur seront rendus. La note annexe n° 2 règle le détail de ces mesures.
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F. Durée de l'armistice
XXXIV. — La durée de l'armistice est fixée à 36 jours avec faculté de prolongation.
Au cours de cette durée, l'armistice peut, si des clauses ne sont pas exécutées, être dénoncé par l'une des parties contractantes qui devra en donner le préavis 48 heures à l'avance. Il est entendu que l'exécution des articles III et XXVIII ne donnera lieu à dénonciation de l’armistice pour insuffisance d'exécution dans les délais voulus, que dans le cas d'une exécution malintentionnée.
Pour assurer dans les meilleures conditions l’exécution de la présente convention, le principe d'une commission d'armistice internationale permanente est admis. Cette commission fonctionnera sous la haute autorité du commandement en chef militaire et naval des armées alliées.
Le présent armistice a été signé le 11 novembre 1918, à cinq heures, heure française.
FOCH, WEYMISS, amiral.
ERZBERGER, OBERNDORFF, WINTERFELDT VANSELOW. ”
NOVEMBRE 1918 | |
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Vendredi 1er |
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Samedi 2 |
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Dimanche 3 |
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Lundi 4 |
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Mercredi 6 |
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Samedi 9 |
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Dimanche 10 |
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Lundi 11 |
COMMUNIQUÉ FRANÇAIS
11 novembre, onze heures soir Au cinquante-deuxième mois d'une guerre sans précédent dans l'Histoire, l'armée française, avec l'aide de ses alliés, a consommé la défaite de l'ennemi. Nos troupes, animées du plus pur esprit de sacrifice, donnant, pendant quatre années de combats ininterrompus, l'exemple d'une sublime endurance et d'un héroïsme quotidien, ont rempli la tâche que leur avait confiée la patrie. Tantôt supportant avec une énergie indomptable les assauts de l'ennemi, tantôt attaquant elle-même et forçant la victoire, elles ont, après une offensive décisive de quatre mois, bousculé, battu et jeté hors de France la puissante armée allemande et l'ont contrainte à demander la paix. Toutes les conditions exigées pour la suspensions des hostilités ayant été acceptées par l'ennemi, l'armistice est entré en vigueur aujourd'hui à onze heures. Les hostilités ont été suspendues ce matin à onze heures. COMMUNIQUÉ BRITANNIQUE
11 novembre, soir À cette heure, nos troupes avaient atteint la ligne générale suivante : frontière franco-belge, est d'Avesnes, Jeumont, Jivry, à quatre milles à l'est de Mons, Chievres, Lessines, Grammont. Dans l'après-midi du 10 novembre, nos appareils ont bombardé les embranchements de chemins de fer à Erhange. Un de nos appareils n'est pas rentré à sa base. La nuit suivante, ils ont attaqué les aérodromes de Morhange, de Frescaty et de Lellinghem, ainsi que les voies ferrées de Metz-Sablons. Frescaty a reçu des coups directs. Un tir exceptionnellement bon a été dirigé contre Morhange, où dix coups directs ont atteint les hangars. Trois grands incendies ont éclaté. D'autres dégâts considérables ont été occasionnés. Tous nos appareils sont rentrés. COMMUNIQUÉ BELGE
Le groupe d'armées des Flandres, recueillant le fruit des efforts faits les jours précédents, a réalisé d'importants progrès qui n'ont été arrêtés que par l'armistice. L'armée belge est entrée dans Gand, et le 2e corps de cavalerie, dépassant largement l'infanterie, est arrivé sur la Dender, à Grammont où il a établi une tête de pont. |
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