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AUTOUR DE NARBONNE • NARBONNE

 

LIGNE 640 BORDEAUX-SAINT-JEAN - SÈTE • PK 406 • LIGNE 677 NARBONNE - PORTBOU • PK 403
NARBONNE (11) • 43.190556, 3.005556
CONSTITUTION DE L'ÉTOILE DE NARBONNE
         
LIGNE SECTION OUVERTURE ÉLECTRIFICATION 1,5  kV CC FERMETURE VOYAGEURS
640 Bordeaux-Saint-Jean - Sète Toulouse-Matabiau - Sète 22/04/1857 20/12/1935 -
677 Narbonne - Portbou Narbonne - Le Vernet 20/02/1858 23/09/1981 -
734 Narbonne - Bize Narbonne - Bize 04/07/1887 - 18/04/1939

> Lu dans “ Le Temps ” du dimanche 23 juin 1907 (*)

LA SITUATION DANS LE MIDI

À Narbonne

Narbonne, 22 juin.

Tout est calme, on ne prévoit rien pour aujourd'hui. En gare de Narbonne on me montre des télégrammes qui annoncent que dans l'arrondissement de Lodève, au-dessus de Béziers et Pézenas, des rails du chemin de fer ont été coupés, des ponts ont sauté. Un avis affiché à la poste de Narbonne dit que le télégraphe est interrompu par suite d'arrachage de poteaux entre Montpellier et Perpignan.

C'est le général de division Calvet, qui, assisté de plusieurs généraux de brigade et du colonel Gérard, préside à la pacification.

Le vote de la Chambre est très commenté et diversement apprécié. Cependant, les esprits sages, pondérés, tout en maintenant énergiquement les revendications viticoles, préconisent le calme dans l'intérêt même de la cause qu'ils défendent.

Les incidents de Lodève et Paulhan
(Dépêche de notre correspondant particulier)

Montpellier, 22 juin.

Je vous ai signalé hier que la voie ferrée avait été détruite sur la ligne de Lodève à Paulhan, dans la section d'Aspiran à Paulhan. Les auteurs de ce sabotage avaient voulu empêcher que le 142e de Lodève pût aller à Béziers et Narbonne.

On avait d'abord commencé par obstruer la ligne d'intérêt local près le pont de Gignac et on avait enlevé des boulons  mais s'il avait été possible d’aussitôt réparer la voie sur la ligne du Midi, il ne fut pas possible de réparer les dégâts.

À Paulhan, les manifestants qui avaient commencé à enlever les rails ont laissé entrer en gare le train de Montpellier arrivant à six heures quarante-cinq du matin. Mais ils ne le laissèrent pas repartir.

À 9 h, 12 arrivent six compagnies du 142e qui transportées par le train de Lodève jusqu’à Aspiran, avaient dû venir à pied à Paulhan. Des manifestants étaient en tête des compagnies entravant leur marche. Elles ne purent prendre le train pour Béziers, les manifestants ayant obstrué la voie avec des futailles pleines ou avec des chariots, voitures et tout ce qui leur tombait sous la main.

Les poteaux et les fils télégraphiques et téléphoniques ont été coupés.

De Montagnac, de Lézignan-la-Cèbe, d'Aumes, des foules sont accourues.

Les compagnies pouvant encore passer par le chemin de Gignac, toute la population se rend à endroit.

D'autre part, le sous-préfet de Lodève, M. Leullier, étant venu escorté de gendarmes, est reconnu par les manifestants. Il est maltraité, et la tête en sang on l'oblige à se promener dans la localité avec les manifestants. Puis on le garde comme otage à la mairie.

À midi, deux autres compagnies étaient parties de Lodève. Mais une immense manifestation s'étant produite dans la ville et des troubles étant signalés à Rabieux, Clermont, Gignac, on fait rentrer les soldats.

Pendant ce temps, les populations des environs, massées à Paulhan, apprennent que les compagnies, après avoir simulé une retraite.sur Lodève campent sur les bords de l'Hérault au-dessus de Belarga. Prévoyant qu'elles passeront l’Hérault dans la nuit pour entrer à Béziers par la route de Gignac, la population de Montagnac va coucher sur cette route afin de leur barrer le passage.

La voie ferrée entre Bessan et Vias a été sabotée, ainsi qu'entre Florensac et Pézenas.

Les rails sont enlevés à Agde. Les habitants de Saint-Pargoire ont saboté la voie entre Saint-Pargoire et Villeveyrac.

DERNIÈRES NOUVELLES

Le conseil des ministres s'est réuni ce matin à l’Élysée sous la présidence de M. Fallières.

On s'est occupé exclusivement des événements du Midi. M. Clemenceau a fait savoir que la nuit avait été calme sur tous les points où avaient eu lieu des désordres les jours précédents, à Narbonne, Perpignan et Montpellier. Des incidents peu importants se sont produits dans cette dernière ville.

Par suite de l'interruption momentanée des communications télégraphiques on n'était encore pas fixé sur le cas du sous-préfet de Lodève.

Le conseil a reçu communication d'un télégramme du général Bailloud relativement aux incidents d'hier à Béziers. Le commandant du 16e corps dit : « Le quartier d'Agde a été envahi par une véritable bande d'apaches qui a terrorisé et emmené de force bon nombre de soldats. C'est sans doute cette même bande à laquelle j'ai eu affaire à  Béziers et qui a tenté de s'opposer avec violence à la rentrée des soldats à la caserne. Il a fallu une véritable charge des mutins redevenus soldats pour forcer les rangs de ces apaches dont un bon nombre, seraient étrangers à la région, d'après ce que m'a dit le sous-préfet. »

Enfin le ministre de la guerre a reçu une dépêche l'avisant que les soldats du 17e avaient réintégré dans la matinée leur casernement à Agde.

De son côté le garde des sceaux a donné lecture au conseil. d'un télégramme du procureur général près la cour de Montpellier faisant connaître que deux arrestations avaient été opérées hier soir. Le procureur général ajoute « L'une des deux personnes arrêtées est le fils du gérant de la « Maison du peuple », club royaliste, dont l'un des chefs, directeur des mines de Graissessac, refusait, il y a quelque temps, du travail aux ouvriers ne voulant pas faire partie du club. »

Le ministre de l'intérieur a annoncé qu'il avait prescrit une enquête sur les circonstances dans lesquelles la troupe avait été amenée à faire usage de ses armes contre les émeutiers de Narbonne.

Le préfet de l'Aude qui a déjà entendu un certain nombre de témoins poursuit ses investigations en vue d'établir la matérialité des faits.

Le conseil a décidé, étant donné la situation dans laquelle se trouve le Midi que le voyage que le président de la République devait faire la semaine prochaine à Royan et à Bordeaux serait ajourné. Ce voyage aura probablement lieu dans le courant de septembre. Le conseil a, pour les mêmes motifs, décidé que ceux des ministres qui avaient antérieurement promis d'assister à des réceptions et à des fêtes soit à Paris soit en province devraient s'abstenir de s'y rendre.

Le président de la République devait présider demain, au Trocadéro, la distribution des prix de l'Association polytechnique, et à la Sorbonne, la fête du travail organisée par la fédération générale professionnelle des mécaniciens, chauffeurs, électriciens des chemins de fer et de l'industrie. En raison des événements survenus dans le Midi, M. Fallières a décidé de n'assister à aucune de ces deux cérémonies.

Pour la même raison, le chef de l’État ne se rendra pas lundi à l'hippodrome de Saint-Cloud, où doit se courir le prix du Président de la République.

Le ministre de la guerre, qui devait présider demain, à Versailles, le banquet traditionnel en l'honneur. de Hoche, vient de prévenir le comité organisateur qu'il ne pourra se rendre à son invitation, à cause des circonstances.

Montpellier, 22 juin.

À la suite d'une réunion tenue ce matin les journalistes présents à Montpellier ont adopté les décisions suivantes, qui ont été portées en délégation à M. Briens, préfet de l'Hérault :

Les journalistes présents à Montpellier se sont réunis ce matin, et après discussion ont pris, à l’unanimité, la décision suivante :

Les soussignés, correspondants réguliers ou spéciaux de journaux, réunis à Montpellier en raison des événements créés par la crise viticole actuelle, protestent avec énergie contre :

1° La lenteur excessive de la transmission des télégrammes déposés au bureau central.

2° La non réception, en leur totalité, des télégrammes expédiés et prient les autorités intéressées de vouloir bien mettre ordre à cet état de choses, qui lèse l'accomplissement de leur devoir professionnel.

Suivent les signatures au nombre de quatorze.

Agde, 22 juin.

La circulation n'est pas encore rétablie sur la ligne de Pézenas à Vias.

Les populations des villages du canton de Montagnac ont manifesté tumultueusement cette nuit. La gendarmerie en plusieurs endroits, à Montagnac notamment, à été débordée.

Quelques maires assurent les services municipaux mais la plupart ont rompu toute relation avec le pouvoir central.

RÉFÉRENCES