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REVUE DE PRESSE • 1939-1940 • MARS 1940

NOTRE MÉTIER (SÉRIE DE GUERRE) • 15 MARS 1940 • LE 5e GÉNIE RÉGIMENT DES CHEMINS DE FER

 

Le 5e Génie
Régiment des Chemins de fer

Lorsqu’ils fêtaient, en juin dernier, à Versailles, le Cinquantenaire de leur Régiment, nos nombreux cheminots ex-sapeurs des Chemins de fer se doutaient-ils que, bientôt, ils allaient avoir à jouer de nouveau un rôle actif dans cette unité ? Beaucoup d’entre eux ayant renoué, par la force des choses, avec leur métier de sapeur, Notre Métier, a pensé qu’il les intéresserait spécialement en rappelant ici les beaux états de services de leur Régiment.

La création des premières unités de Sapeurs des Chemins de fer fut envisagée pour la première fois avant la guerre de 1870.

Cette organisation, d’abord embryonnaire, se poursuivit par la suite et, le 20 août 1889, M. de Freycinet, Ministre de la Guerre décidait la formation, à Versailles, du Régiment des Sapeurs de Chemins de fer, placé sous commandement du Colonel Marcille, avec Joffre comme Commandant-major.

Faire l’historique des services rendus par nos Sapeurs de Chemins de fer dans le Sud-Oranais, l’Algérie, la Tunisie, le Sénégal, au Soudan, au Congo, en Guinée, au Dahomey, au Maroc, à la Guyane, en Chine et à Madagascar, c’est retracer toute notre épopée coloniale, depuis 1880.

De même que de relater les exploits du 5e Régiment du génie pendant la guerre de 1914-1918, c’est évoquer quelques-unes des plus belles pages de son histoire.

Mais écoutons plutôt son Chef, le Général Collette qui, le 17 juin dernier, lors de la célébration du Cinquantenaire de ce Régiment, au camp de Satory, à Versailles, retraçait en ces termes l’historique de sa troupe.

« Madagascar, Maroc, Champagne, Verdun, la Somme, l’Aisne ! Tels sont les principaux titres de gloire que s’est acquis le 5e Régiment du Génie depuis sa naissance ; tels sont les noms prestigieux inscrits aux plis de son drapeau. Chacun d’eux représent une somme d’héroïsme, de labeur obscur et de sacrifices.

« À Madagascar , c’est en effet à des Officiers du Génie, pour la plupart des troupes de chemin de fer, que furent confiées les délicates missions d’étude des voies de pénétration à l’intérieur de l’île. C’est encore à eux qu’en fut, dans bien des cas, confiée l’exécution devant la défaillance des entrepreneurs. Hélas ! plusieurs moururent à la tâche. Et, le 8 mai 1898, le Ministre de la Guerre décida que l’inscription Madagascar serait portée sur le drapeau du Régiment pour perpétuer dans les troupes du Génie le souvenir de la part glorieuse qu’elles ont prise à l’expédition de Madagascar.

« Au Maroc, les Sapeurs des Chemins de fer ont assuré, depuis 1911, la création et l’exploitation de l’admirable réseau de 0,60, principal instrument de notre pénétration et du rapide développement du Protectorat. ils ont également construit, sur tout l’immense réseau des routes et des pistes, la majorité des principaux ouvrages d’art.

« Aussi est-il juste de dire, avec le Général Calmel, qu’ils ont puissamment contribué au rayonnement impérissable de la plus grande France, au Maroc.

« En Champagne, c’est, après les attaques locales de 1915, la première des grandes offensives destinées à rompre le front. Les Sapeurs de Chemins de fer y participent par l’équipement des lignes Châlons-Saint-Hilaire-Reims et Saint-Hilaire-Sainte-Menehould, et surtout par la construction de toute pièces de la ligne 4bis, Saint-Hilaire-Valmy, qui double cette dernière. En moins de deux mois, avec 4 Compagnies, les 50 kilomètres de voie neuve et les 40.000 m³ de terrassement qu’elle comporte sont exécutés.

« À Verdun, c’est la construction de la ligne 6bis, de Nettancourt à Dugny, permettant d’éviter le canon ennemi pour alimenter le front de bataille. D’un développement de 82 km. cette ligne construite dans des conditions remarquables (moins de trois mois) par 7 Compagnies de Sapeurs renforcées de 10 bataillons d’auxiliaires, joue, dès sa mise en service, le 10 juin, un rôle primordial dans le développement de la bataille. Elle soulage en effet, les camions de la « Voie Sacrée » avec un rendement infiniment supérieur. Et l’on doit regretter que sa construction n’ait pas été entreprise plus tôt, avant le commencement de l’attaque allemande.

« Dans la Somme, c’est 273 kilomètres de voie nouvelle que nos Sapeurs ont posés, en collaboration avec les Anglais, avant et pendant le déroulement de la bataille.

« Enfin dans l’Aisne, préparant l’offensive du printemps 1917 dans les conditions de climat les plus rudes, ils exécutèrent dans des limites de temps plus serrées encore que pour l’offensive de la Somme, les travaux d’équipement au sud de la rivière et réparèrent, sous le feu rapproché de l’ennemi, le pont de Villeneuve, à l’est de Soissons ; puis, après le 16 avril, il équipèrent la rocade nord de la rivière : Crouy, Missy, Vailly, Chavanne, Soupir, posant en tout 450 km de voie neuve, dont une grande partie à proximité de la ligne de combat ».

À la fin de la dernière guerre, malgré le développement déjà pris par les transports automobiles, les sapeurs du 5e Régiment du Génie formaient 85 unités, soit environ 450 officiers et 21.500 hommes, encadrant un effectif de travailleurs auxiliaires qui dépassa 100.000 hommes.

Malgré la motorisation importante de notre armée, il faut s’attendre à voir, nous le répétons, le Régiment des Chemins de fer jouer à nouveau un rôle important dans la nouvelle campagne.

Or connaissant la vertu de cet « esprit sapeur » qui, comme l’appelait le Général Collette, s’apparente de si près à notre « esprit cheminot », nous pouvons être sûrs que, se souvenant des exploits de leurs aînés, les sapeurs de 1939 auront à cœur de maintenir les belles traditions qui leur ont été léguées.

 
NOTRE MÉTIER • 15 MARS 1940
Composition d'Émile-André Schefer
Dans son prochain numéro Notre Métier vous parlera de cette nouvelle locomotive à grande vitesse du type 232, la première d'une série de huit, qui vient d'être livrée à notre Région du Nord.

Édition du 7 mars 1940

Les trains de permissionnaires britanniques auront un wagon-restaurant

LONDRES, 6 Mars.

L'autorité militaire a décidé de munir les trains de permissionnaires britanniques de wagons-restaurants de manière à permettre aux hommes de prendre un repas chaud, qui leur sera servi par des aides-cuisiniers.

Cette décision a été prise à la suite de la campagne faite pour améliorer « l'ordinaire » des soldats. La grosse difficulté résidait dans le manque de bons cuisiniers, surtout dans les petites formations.

Mais des écoles de cuisine vont être créées et des directeurs de grands restaurants, ayant le grade de capitaine ou de commandant, vont être appelés à éclairer le commandants de formations.

Édition du 24 mars 1940

AUX CHEMINS DE FER BRITANNIQUES

Le bureau parisien des chemins de fer britanniques, 12, boulevard de la Madeleine, a organisé une petite exposition des affiches, publiées par les grands réseaux anglais depuis le début de la guerre, relatives à l'exploitation, la défense nationale et les relations entre les réseaux et le public.

Certaines de ces affiches ne sont qu'un souvenir des premiers jours de la guerre, et concernent l'évacuation de la population civile, tandis que d'autres sont relatives à l'usage d'étiquettes blanches sur les colis de marchandises à cause du « blackout ».

Parmi les affiches illustrées, signalons celle qui montre un train bondé de soldats, avec la légende : « Un de vos amis peut se trouver ici ; il est dans votre train habituel. » Ainsi la compagnie explique aux civils — par une simple photographie — pourquoi ils sont privés de certains de « leurs » trains. Une autre affiche digne de mention nous montre un train de munitions, avec l'inscription : « Nourriture obus et carburants doivent avoir la priorité. Si votre train est en retard ou surchargé de voyageurs, en êtes-vous fâché ? ».

L'exposition (dont l'entrée est entièrement libre) est ouverte au public entre 9 heures et midi et entre 14 heures et 17 h. 30 du lundi au vendredi, entre 9 heures et 12 h. 30 le samedi, pour quelques jours.

Édition du 15 mars 1940

L'accident de chemin de fer de Saint-Julien

Après une intéressante intervention de M. de Monzie, la discussion à la Chambre de l'interpellation de M. Brachard est close par le vote de l'ordre du jour pur et simple.

Pendant que le Sénat siégeait en comité secret, la Chambre discuta une interpellation de M. Brachard « sur les responsabilités du grave accident de chemin de fer de Saint-Julien, près de Troyes ». Il y eut dix morts et de nombreux blesses.

L'orateur s'étonna qu'un des deux trains ait pu avoir plus de dix minutes d'avance sur son horaire et brûlé tous les signaux avant l'entrée de la gare de Troyes.

Selon M. Brachard, on a réalisé trop d'économies aux dépens des mesures de sécurité.

Le chemin de fer est, en temps de guerre, un grand service organique de l'armée. Son personnel exercé ne saurait être remplacé par des retraités et des auxiliaires recrutés au petit bonheur.

M. Plard, qui administre la commune où eut lieu l'accident, intervint ensuite.

Pour lui, il y a eu déficience du matériel.

La réponse de M. de Monzie

M. de Monzie répondit aussitôt à la satisfaction générale.

Et, élevant le débat, le ministre des travaux publics démontra la perfection rare avec laquelle ont fonctionné nos réseaux depuis la mobilisation.

Pour le dernier semestre de 1939, dit-il, nous avons eu un accident contre sept en 1914. On a demandé un gros effort aux cheminots, 54 heures aux roulants. C'est un service très lourd, c'est entendu. Mais les nécessités de la guerre sont là et si l'on voulait aller jusqu'où désireraient certains, c'est 30.000 affectations spéciales qu'il faudrait demander.

L'importance du trafic

Une bonne utilisation du matériel a permis de faire face à une augmentation du trafic des marchandises de 35 % et de doubler le rendement des wagons-citernes.

La réduction des trains de voyageurs est uniquement due à la nécessité de reconstituer nos stocks de charbon. Elle atteindra 45 %de la circulation normale en mai. La carte de charbon et l'augmentation croissante du rendement des mines permettront peut-être d'améliorer ensuite la situation.

Quant à la coordination du rail et de la route, elle est maintenant réalisée et un accord de répartition du fret public est intervenu.

L'ordre du jour pur et simple

Et M. de Monzie, très applaudi, termina par un hommage aux cheminots et aux chefs militaires et civils, aucune difficulté ne s'étant produite, comme en 1914, grâce à l'existence de la Société nationale due à l'initiative de M. Queuille.

M. Brachard fut le premier à proposer l'ordre du jour pur et simple avec signification de la confiance.

Il fut adopté à l'unanimité.

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