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REVUE DE PRESSE • 1939-1940 • JUILLET 1940

PARIS-SOIR • 13 JUILLET 1940 • LA REPRISE MARQUÉE DE L'ACTIVITÉ FERROVIAIRE

 

Édition du 13 juillet 1940

UNE ENQUÊTE DE PARIS-SOIR À LA S.N.C.F.

Reprise marquée
de l'activité ferroviaire

Insensiblement, mais sûrement, Paris reprend sa physionomie normale. Le nombre des « rentrants » augmente chaque jour, et pourtant l'on ne voit plus aux portes de la capitale ces longues files de réfugiés et ces théories de véhicules hétéroclites dont l'aspect seul trahissait la détresse et l’affolement.

Désormais, il est possible à chacun d'utiliser la voie ferrée et tous ceux qui ont connu l'angoisse d'un retour problématique par les moyens les plus divers ne pourront manquer d'apprécier cette amélioration.

La S.N.C.F. s'efforce, en effet, dans la mesure où les difficultés matérielles ne sont pas insurmontables, de rétablir le réseau ferroviaire français. Depuis trois semaines, à chaque échelon de cette énorme administration, on travaille à la remise en service des principales lignes. Où en est-on ? Cette question que chacun se pose, nous avons voulu la poser aussi, et voici en substance ce que nous a aimablement répondu un haut fonctionnaire du mouvement central :

— Le grand public a pu considérer que la remise en route des chemins de fer s'effectuait à une cadence trop lente. Nous ne saurions lui en vouloir, car il ignorait l'importance des difficultés que nous avons dû résoudre. Destructions d'ouvrages d'art, manque de personnel et de matériel, voilà les principales. À l'heure actuelle, nous avons pu regrouper nos agents, nous avons établi de nouveaux itinéraires et l'on peut estimer qu'il est possible de regagner Paris par le rail, de quelqu'endroit que ce soit en France, occupée, bien entendu. Voici, par exemple, les grandes lignes qui sont mises à la disposition du public :

« La région de l'Ouest est la plus favorisée, car elle se trouve entièrement dans la zone occupée et dispose d'autre part d'un matériel électrique.

« Les principales lignes sont : Paris-Caen, Paris-Le Mans-Nantes (deux trains, dont un de nuit), Paris-Rennes, Paris-Quimper, Paris-Brest, Paris-Cherbourg par Argentan-Caen et Mézidon (à partir d'aujourd'hui), Thouars-les-Sables d'Olonne, Chartres - Saumur-Thouars-Saintes, Niort-La Rochelle, Rouen-Laigle et Lison-Dol-de-Bretagne. D'autre part, plus de cent trains desservent la banlieue de ce réseau.

« Sur le réseau Sud-Est, existent : une ligne Paris-Nevers-Moulins et une ligne Paris-Gien. On peut également aller de Montereau à Nuits-sous-Ravières, près de Dijon.

« L'Est, ainsi que le Nord, sont évidemment moins bien desservis. Le voyageur ne peut se rendre que de Paris à Troyes, à Saint-Just-en-Chaussée, à Compiègne et à Villers-Cotterets.

« Enfin, les lignes du réseau Sud-Ouest sont : Paris-Orléans-Vierzon-Saincaize, Orléans-Tours, Paris-Châteaudun-Fondette-Saint-Cyr (Tours), Malesherbes-Orléans, Bourges-Montluçon, Bourges-Cosne, Étampes-Pithiviers.

« Naturellement, notre effort va se poursuivre et, petit à petit, l'ensemble du réseau national sera remis en état. C'est là une œuvre de longue haleine, mais les autorités allemandes collaborent avec notre personnel et nul doute qu'il n'en résulte une amélioration prochaine. »

Ajoutons, à la demande de notre interlocuteur, que les voyageurs feront preuve de prudence en se renseignant dans les gares, certains horaires pouvant subir, soit des modifications, soit des suppressions temporaires.

 
PARIS-SOIR • 13 JUILLET 1940

“ Le Temps ” — replié à Clermont-Ferrand — des 1er et 2 juillet 1940

LA VIE ÉCONOMIQUE
La circulation des trains

La Société nationale des chemins de fer français ne pourra mettre les trains en circulation, d'après les renseignements recueillis à bonne source, que suivant les instructions du gouvernement.

Toutefois dès à présent, quelques convois circulent ; ils sont utilisés pour le ravitaillement de la population, le service postal et les agents de la S.N.C.F. ramenés à leur poste.

Quant aux trains de voyageurs, un seul depuis dimanche a quitté Clermont-Ferrand à destination de Vichy, à 7 h. 50.

Sous peu, et au fur et à mesure de la reprise normale de l'activité, toute la circulation ferroviaire reprendra son cours normal.

COMMENT LES RÉFUGIÉS
peuvent rentrer chez eux

Le sous-secrétaire d’État pour les réfugiés communique :

1° Dans les circonstances actuelles, les seuls mouvements des réfugiés qui paraissent possibles sont ceux des réfugiés dont le domicile se trouve dans la partie non occupée par les Allemands.

Dès maintenant, ces réfugiés sont invités à retourner chez eux.

2° Les grands itinéraires par lesquels ces mouvements peuvent se faire sont donnés ci-dessous :

1. Toulouse, Montauban, Cahors, Brive, Limoges, Bellac ;
2. Albi, Villefranche, Figeac, Tulle, Bourganeuf, Guéret ;
3. Rodez, Saint-Flour, Clermont, Montluçon ;
4. Mende, Le Puy, Saint-Étienne, Digoin ;
5. Rive droite du Rhône, de Nîmes à Chalon-sur-Saône.

3° Les itinéraires rejoignant les précédents dans toute la zone au sud de la ligne Limoges Clermont Valence, sont utilisables. À noter que les ponts sur le Rhône, entre Lyon exclus et Donzère exclus, sont coupés, sauf le pont de Tournon, le pont d'Andance et le pont de Serrières.

3 bis. Il est vivement conseillé aux réfugiés faisant ces mouvements de se munir au départ, si possible, de deux jours de vivres.

4° Jusqu'à décisions ultérieures, dont les intéressés seront avisés, les réfugiés à destination de la zone occupée par les Allemands sont exposés à ne pas pouvoir y pénétrer et à rester sans ravitaillement le long de la ligne de démarcation. Ils sont donc invités à attendre de nouvelles et prochaines indications.

5° La S.N.C.F. doit organiser incessamment des services de trains pour faciliter le retour des réfugiés. Les renseignements seront donnés à cet égard par la voix de la presse et par les moyens ordinaires des chemins de fer.

Édition du 6 JUILLET 1940

Pour ne pas manquer le dernier métro

Rater le métro en temps ordinaire n'est jamais chose agréable, mais en temps de paix, cela n'est pas grave si l'on possède de bonnes jambes.

Aujourd'hui, en raison des décrets de circulation pendant la nuit après 23 heures, cela devient assez grave, car il faut ou coucher à l'hôtel, ou rester dans un poste de police.

Pour éviter ces inconvénients aux personnes retenues tardivement par leurs occupations, la direction du Métropolitain nous a communiqué le tableau suivant indiquant les heures des derniers départs des stations terminus. Il sera cependant prudent de ne pas attendre la dernière minute, car il peut se produire des difficultés d'ordre technique supprimant la dernière rame.

  HEURES
Château de Vincennes 22 05
Neuilly 22 05
   
Nation 22 10
Dauphine 22 10
   
Porte des Lilas 22 10
Levallois 22 10
   
Clignancourt 22 09
Porte d’Orléans 22 09
   
Nord (sur Étoile) 22 04
Nord (sur Italie) 22 24
Étoile (sur Nord) 22 04
Étoile (sur Italie) 22 24
   
Porte Villette 22 »
Saint-Gervais 22 »
Ivry (sur Villette) 22 »
Ivry (sur Saint-Gervais) 22 02
   
Balard (sur Charenton) 22 05
Balard (sur République) 22 19
Charenton (sur Balard) 22 05
Charenton (sur République) 22 25
   
Pont de Sèvres :  
(sur Mairie Montreuil) 21 50
(sur Porte Montreuil) 21 55
(sur République) 21.05
   
Mairie de Montreuil :  
(sur Pont de Sèvres) 21 45
(sur Saint-Cloud) 21 55
(sur République) 22 15
   
Auteuil 22 15
Austerlitz 22 15
Mairie des Lilas 22 25
   
Arts et Métiers :  
(sur Mairie des Lilas) 22 15
(sur Porte des Lilas) 22 25
   
Mairie d'Issy 22 »
Versailles (sur Chapelle) 22 05
Versailles (sur Mairie d'Issy) 22 30
Chapelle 22 »
   
Porte Saint-Ouen 22 20
Porte Clichy 22 20
Saint-Lazare (sur Clichy) 22 30
Saint-Lazare (sur Saint-Ouen) 22 30
   
Porte de Vanves 22 25
Duroc 22 35

En outre, dans les stations, 1'heure de passage des derniers trains sera affichée auprès du guichet de distribution des billets.

Édition du 31 JUILLET 1940

PARIS-SAINT-GERMAIN ET RETOUR
Un parcours difficile...

Paris-Saint-Germain ! que de Parisiens ont effectué, les étés passés, ce court trajet qui les menait du Louvre et des Champs-Élysées au château et à la terrasse justement célèbres. Il ne fallait guère alors qu'une vingtaine de minutes par la voie ferrée, à moins que l'on préférât l'autobus, par Bougival et Marly.

Aujourd'hui, par suite du manque de transports publics, plus moyen de songer à emprunter la route. Quant au chemin de fer, c'est à un voyage plutôt pittoresque qu'il vous convie, les deux ponts de Chatou et du Pecq, sur la Seine, étant coupés.

De Saint-Lazare à Rueil, rien à signaler. Mais après la demie-heure qu'il faut au train pour parvenir à ce nouveau terminus, le voyageur doit parcourir 500 mètres à pied pour gagner le pont qu'enjambait la route nationale. Gros progrès, une passerelle provisoire y a été établie, grâce à l'initiative privée, en l'occurrence la municipalité de Chatou. Elle est en service depuis lundi. Auparavant, il fallait attendre les barques des passeurs.

Il faut accomplir ensuite, toujours à pied, plus de 1.500 mètres pour rejoindre la gare de Chatou. Nouveau progrès sur ce qui se passait depuis plus d'un mois, un train navette y est mis en circulation. Hélas! il ne va que jusqu'au Pecq et c'est alors que le voyageur doit fournir un effort personnel encore plus considérable.

Il lui faut d'abord atteindre la rive de la Seine, distante de 1.500 nouveaux mètres, traverser le fleuve en bateau, puis escalader à pied la longue côte qui le conduira enfin à Saint-Germain. Sans parler de la fatigue, il faut ainsi compter, si l'on totalise la durée du voyage, entre deux heures et demie et trois heures, selon que l'on est plus ou moins entraîné, pour ce parcours, c'est-à-dire à peu près le temps qu'avant la guerre le train mettait pour aller de Paris à Tours.

Évidemment, on n'est pas obligé d'aller à Saint-Germain. Mais il n'en est pas de même pour les milliers d'habitants de ce chef-lieu qui autrefois venaient travailler chaque jour à Paris et qui voudraient bien retrouver leur emploi et leur gagne-pain. Et c'est aussi le sort infortuné de ces charmantes localités, parures de la banlieue parisienne, que sont le Vésinet, Chatou, etc.

Pour ces dizaines de milliers d'usagers, la S.N.C.F., en attendant que l'on puisse songer à la réfection des ponts, ne pourrait-elle du moins faire jeter une passerelle provisoire sur le pont du chemin de fer de Chatou, ce qui ne serait pas pour elle une tâche plus difficile que celle qu'a accomplie la ville de Chatou pour sa route ?

Les voyageurs n'auraient alors que quelques centaines de mètres à faire à pied pour gagner de la gare de Rueil celle de Chatou et y retrouver le train-navette. Et si la S.N.C.F. faisait de même pour le pont du Pecq (sur ces deux ponts, une seule arche est coupée), le trajet total serait réduit à une heure environ, ce qui serait une amélioration considérable et sauverait de la misère et du chômage toute une population laborieuse.

À une heure où l'on ne cesse de parler avec raison de la nécessité d'une reprise économique, ces doléances ne méritent-elles pas de trouver un écho favorable ?

G. D.

RÉFÉRENCE