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REVUE DE PRESSE • 1939-1940 • JUIN 1940

LE MATIN • 22 JUIN 1940 • LA REPRISE DE LA CIRCULATION FERROVIAIRE SE HEURTE À DE TRÈS GRANDES DIFFICULTÉS

 

Édition du 22 juin 1940

LA REPRISE DE LA CIRCULATION FERROVIAIRE SE HEURTE À DE TRÈS GRANDES DIFFICULTÉS

Tous les efforts vont être faits pour hâter la remise en état des voies et du matériel

De nombreux magasins ont rouvert leurs portes ; les boutiques d'alimentation vont être très prochainement achalandées ; le téléphone fonctionne à nouveau dans la capitale où le courrier est distribué chaque jour ; le service du métro a été prolongé jusqu'à 21 h. 45.

Cependant, certains quartiers de Paris très fréquentés en temps normal sont étonnamment déserts : ce sont les abords des grandes gares parisiennes.

Depuis une dizaine de jours, les gares sont vides et les portes en sont fermées.

Quand le trafic ferroviaire sera-t-il rétabli ? C'est la question que se posent actuellement de très nombreux parisiens et habitants de la banlieue.

Nous avons rencontré hier M. Barth, seul directeur de la Société Nationale des chemins de fer, resté à Paris.

Le trafic ferroviaire, nous dit tout d'abord M. Barth, ne peut être rétabli très rapidement, et cela pour de multiples raisons.

La plupart du personnel en service à Paris et en banlieue a été évacué ; la plus grande partie du matériel a été transportée en province. Sur les 30.000 agents des chemins de fer de Paris et des environs, seuls 500 ou 600 sont restés à ma disposition. Il est évident que rapidement les autres vont reprendre leur place.

Mais nous nous heurtons à d'autres difficultés : de très nombreux ponts ont été détruits ; les installations téléphoniques sont, dans la plupart des secteurs, hors d'usage ; les signalisations ne fonctionnent plus, les voies sont coupées.

Sur le réseau électrifié de banlieue, la situation n'est pas meilleure, car le courant n'a pu encore être rétabli.

Le public parisien se rendra donc parfaitement compte que pour l'instant il est impossible de rétablir un service ferroviaire même réduit.

Cependant, ajoute M. Barth, sur la demande instante du préfet de la Seine, nous nous préoccupons tout d'abord en ce moment d'assurer le ravitaillement en lait de la population. Et à ce sujet, le maximum sera fait.

Mais actuellement, conclut le directeur de la S.N.C.F., il est absolument impossible de fixer même approximativement la date de réouverture de nos gares parisiennes.

 
LE MATIN • SAMEDI 22 JUIN 1940

L'ARMISTICE
Le Führer assiste à la lecture des conditions

À leur arrivée dans les lignes allemandes, les délégués français ont été reçus par un général. C'est à Tours que l'avion aurait atterri.

Toute la région de Compiègne-Soissons était gardée. Sur la place de l'Armistice, au monument même, flottait l'étendard du Führer. Un peu plus loin, la statue de Foch. C'est là qu'une tente avait été dressée pour permettre aux plénipotentiaires de délibérer. L'ameublement est très simple tables, chaises, encriers, cendriers,…

Sur des estrades, les généraux, les amiraux, les plus hautes personnalités du Reich.

Près de la route, la voie ferrée, avec le wagon de l'armistice de 1918, wagon ordinaire de la Compagnie des wagons-lits, qu'on avait amené de l'Hôtel des Invalides, et décoré d'écussons aux aigles, et à Croix gammée.

Le maréchal Goering, l'amiral Raeder, M. von Ribbentrop arrivent en automobile.

Vers 15 heures, la garde d'honneur du Führer se forme. Puis à 15 h. 15, la voiture de celui-ci. Le Führer descend et regarde un instant le monument.

Le Führer est accompagné du maréchal Goering, de M. von Ribbentrop, de l'amiral Raeder et du général von Keitel. Les délégués français arrivent.

Le général Huntziger est le chef de la délégation. Avant d'entrer dans le wagon, il demeure un instant pensif.

Le Führer salue les délégués français, le bras levé selon le rite hitlérien. Dans le wagon, le général Huntziger prend place, en face du Führer, ayant l'amiral Le Luc à sa droite. Les préliminaires de l'armistice sont lus en allemand par le général von Keitel, puis traduits en français par le ministre Schmidt.

À 15 h. 42, le Führer partait. Auparavant, il avait été salué par le commandant de la garde d'honneur, au nom de l'armée de la Grande Allemagne.

Édition du 16 juin 1940

SOCIÉTÉ NATIONALE DES CHEMINS DE FER FRANÇAIS

À partir du 14 juin, à 0 heure, et jusqu'à nouvel avis :

1. Tous les trains de voyageurs sont supprimés au nord et à l'est de la ligne le Mans, Tours, Vierzon, Saincaize et sur cette ligne ;

2. Sur les autres lignes, le service actuel est maintenu, à l'exception des modifications ci-après en ce qui concerne les trains express :

a) Sur la ligne Tours-Bordeaux et au delà, vers Dax, il ne circulera dans chaque sens qu'un train express de jour et un train express de nuit, approximativement dans l'horaire des trains 401, 405, 404, 406, ayant leur origine ou leur terminus à Poitiers ;

b) Sur la ligne Vierzon-Toulouse et au delà, vers Narbonne, il ne circulera dans chaque sens qu'un train express de jour et un train express de nuit, approximativement dans l'horaire des trains 411, 415, 412, 416, ayant leur origine ou leur terminus à Châteauroux ;

c) Tous les trains express sur la ligne Bourges-Montluçon-Aurillac sont supprimés.

Édition du 26 juin 1940

LA SUPPRESSION DES TRAINS DE VOYAGEURS
N'EST QUE MOMENTANÉE

Bordeaux, 24 juin. — Nous avons annoncé que tout transport de voyageurs était momentanément suspendu sur toutes les lignes de l'ancien réseau du Midi.

Interrogé au sujet de cette suppression et de la reprise éventuelle du trafic, M. L.-O. Frossard, ministre des travaux publics, des transports et des transmissions, a fait une déclaration dont nous extrayons les passages suivants :

Je sais tout ce qu'a de pénible pour la population et surtout pour les réfugiés la suppression des trains de voyageurs. Cet arrêt du trafic voyageur ne sera que momentané.

Tous mes services s'emploient avec un dévouement total à trouver les solutions qui rendront aux voyageurs les moyens de transport qu'ils attendent. Je ne puis encore prévoir à quel moment le service voyageur sera rétabli.

Après avoir indiqué les motifs qui ont entraîné la suppression des trains de voyageurs, transports militaires, ravitaillement, etc., le ministre a ajouté :

Je demande a tous de s'incliner devant des nécessités, qui relèvent du plus haut devoir national, de consentir la discipline patriotique. Qu'ils aient la certitude que, dans ces moments si douloureux, rien ne sera négligé pour abréger la gêne si pénible que leur cause l'interruption des transports ferroviaires. J'adjure tous ceux qui voudraient se déplacer par chemin de fer de rester calmes, patients. d'attendre et de consentir ce complément de sacrifice pour le pays.

M. L.-O. Frossard a terminé sa déclaration en rendant un nouvel hommage aux cheminots et au personnel des P. T. T. qui ont accompli avec vaillance une tâche quotidienne particulièrement pénible.

RÉFÉRENCES