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REVUE DE PRESSE • 1939-1940 • FÉVRIER 1940

NOTRE MÉTIER (SÉRIE DE GUERRE) • 15 FÉVRIER 1940 • UN MESSAGE DU GRAND QUARTIER GÉNÉRAL par le Général Georges

 

UN MESSAGE DU
Grand Quartier Général
par
le Général Georges

“ Les Chemins de fer constituent pour le Commandement non seulement l’outil puissant qui amène à pied d’œuvre les masses de manœuvre, mais une arme véritable.

Je puis écrire avec fierté que la France dispose, à cet égard, d’une indiscutable supériorité.

La S.N.C.F. rassemblant les magnifiques traditions des anciens Réseaux, a déjà rendu au Pays, au cours de cette Guerre, des services inestimables.Il est juste que le public en soit tenu informé.

Dès la mobilisation, le problème posé aux Chemins de fer était vaste et complexe. Il s’agissait en effet de réaliser simultanément et en ordre :

— des transports de « mise sur pied » visant le ramassage et l’acheminement sur leurs Unités des millions de réservistes répartis sur tout le territoire ;

— des transports de « mise sur place » amenant aux frontières les unités constituées et équipées ;

— des transports, en sens inverse, ayant pour objet de récupérer au bénéfice de la Nation les richesses de la zone frontalière avancée.

À ces mouvements essentiels s’ajoutaient de nombreux transports d’intérêt national : rapatriements, acheminements de matériel vers les ports, trains express et commerciaux, etc.

Lourde tâche qui se chiffrait par un nombre de trains bien supérieur à celui du trafic normal du temps de paix, et qu’il fallait réaliser cependant dans les délais les plus courts.

Ces difficultés s’aggravaient encore dans l’impossibilité d’établir des prévisions régulières et de la nécessité d’adapter chaque jour le service aux besoins de la manœuvre.

Si l’on mesure enfin les sacrifices en personnel qualifié consentis par les Régions ferroviaires au bénéfice des Armées, on peut apprécier l’effort et la bonne volonté déployés par le personnel des chemins de fer, des Chefs aux plus modestes agents.

Vaine eût été cependant toute énergie dans l’effort si, dès le temps de paix, les travaux du Corps Technique des Chemins de fer n’avaient doté le pays d’un réseau ferroviaire digne de lui. Les énormes progrès réalisés dans le freinage et la signalisation, la reconstruction d’une parie du réseau ferré — œuvre de prévoyance et de sécurité — ont permis aux exécutants de répondre, dès le début, à l’appel du Pays.

Après le « coup de feu » de la concentration, le travail a continué, obscurément peut-être, mais avec la même ardeur soutenue.

À l’afflux massif de l’intérieur vers les frontières a succédé tout un ensemble de transports résultant des manœuvres de rocade, des relèves, des ravitaillements et des évacuations sanitaires.

À ces nouvelles exigences, la souplesse du réseau a permis de répondre, sans heurts et sans arrêts.

Les Armées sont aux frontières, elles se battent, vivent, se déplacent leurs exigences sont impératives et drainent, sur toute la profondeur du territoire, les ressources les plus variées.

Les permissions de détente, de bonne heure accordées, ont donné naissance à un courant important et journalier de « voyageurs » qui méritent des égards et des soins que le Chemin de fer s’efforce de rendre chaque jour plus effectifs.

Le Commandement remercie tous les cheminots de leurs efforts incessants.

Peut-être les circonstances amèneront-elles à demander davantage encore au dévouement de chacun. La tâche sera rude, périlleuse même.

Mais le Pays sait qu’il peut compter sans limite sur le dévouement total des cheminots de France. ”

 
NOTRE MÉTIER • 15 FÉVRIER 1940
Répondant à l'appel du Ministre de l'Armement, et désireux d'aider leurs camarades actuellement aux Armées, les cheminots non mobilisés récupèrent les ferrailles, et la campagne, qui ne fait que commencer, donne déjà d'intéressants résultats : « Le 20 tonnes est chargé, déclare satisfait ce Chef de station du Sud-Est, et il va falloir encore un 2° wagon. » Et pourtant il ne s'agit ici que d'une petite localité de 540 habitants !

Édition du 6 février 1940

LE BOMBARDEMENT DU CHEMIN DE FER FRANÇAIS DU YUNNAN

Le bombardement par des aviateurs japonais, au kilomètre 83, de la voie ferrée du Yunnan, d'un train de voyageurs, a fait samedi plus de 100 morts. Cinq Français ont été tués, ainsi que seize agents indigènes et quatre-vingts voyageurs de race asiatique, ainsi que nous l'avons relaté.

M. Arsène Henry, ambassadeur de France à Tokyo, a immédiatement renouvelé, le 4 février, les protestations qu'il avait faites antérieurement au sujet des bombardements aériens de la voie ferrée du Yunnan.

On apprend que le porte-parole du Gaimucho, questionné au sujet de ce grave incident, a déclaré que le gouvernement de Tokyo était entièrement solidaire des autorités locales qui avaient décidé ces bombardements.

Toutefois, il semble bien que le gouvernement japonais n'ait été informé du dernier bombardement que par les dépêches de presse. Cela prouverait que les actions locales ordonnées par les autorités militaires japonaises en Chine ont échappé à la connaissance du pouvoir central obstiné à nier des actes d'indiscipline.

Le porte-parole du Gaimucho a déclaré que le gouvernement japonais a fait comprendre à Paris qu'il s'agissait d'opérations dictées par des nécessités d'ordre purement militaire. Toutefois, il a exprimé ses regrets que les bombardements aient fait des victimes civiles.

Le gouvernement français, qui a renouvelé ses démarches diplomatiques à Tokyo, au sujet des bombardements aériens de la voie ferrée du Yunnan, ne saurait considérer que les déclarations faites par le porte-parole du Gaimoucho puissent tenir lieu de réponse officielle du gouvernement japonais aux démarches du gouvernement français.

Nouvelle entrevue de
M. Charles-Arsène Henry
avec M. Tani

TOKYO, 5 février. — On croit savoir que l'ambassadeur de France, M. Charles-Arsène Henry, au cours de l'entretien qu'il a eu cet après-midi avec le vice-ministre des Affaires étrangères, M. Tani, a fait des représentations au gouvernement japonais au sujet des récents bombardements aériens effectués par l'aviation militaire japonaise contre le chemin de fer du Yunnan.

Répondant à l'ambassadeur, le vice-ministre aurait reconnu le fait que ces raids ont été effectués, en précisant qu'ils correspondaient à une nécessité d'ordre stratégique et en ajoutant que le gouvernement japonais était disposé à régler cette affaire à l'amiable, après étude des résultats que doit fournir une enquête approfondie.

LES TRAINS SONT DE NOUVEAU ÉCLAIRÉS

Depuis le début des hostilités, les voyageurs, et principalement ceux qui habitent la banlieue, se plaignaient de devoir circuler, malgré les lampes bleues, dans une pénombre qui les empêchaient de lire un journal.

La Société nationale des chemins de fer vient d'expérimenter et de mettre en service un nouveau système d'éclairage qui permet d'y voir clair tout en assurant la sécurité des trains.

 
EXCELSIOR • 6 FÉVRIER 1940
(N° 47.928.)
RÉFÉRENCES